Victor Massadau. 

Des vies, des plis

L’ULTRA-MONDE ET  

L’INTRA-MODE 

Sentez vous les vibrations ? 

Les connexions établies ou brisées à chaque secondes ? 

Le monde est en mouvement. Les corps aussi. 

Cette rencontre entre le mouvement vertical ( celui de l’idée, celui du coeur et du cerveau ), interne et parallèle au mouvement d’origine quant à lui horizontal ( celui de la Vie, celui de l’objet, celui du concret), peut être nommée : harmonie. 

Cette rencontre entre une action et un principe créé alors une friction, qui lorsqu’elle est ressentie nous montre les risques et les enjeux d’un monde sans fin. Le sublime infini de la vie.  

Le « comment ? » perpétuel d’une suite, d’un début ou d’une fin. 

Pourtant un brouhaha total s’est installé.  

Pourquoi devons nous stopper nos actions ? Stopper cette effervescence qui se veut bénéfique mais qui ne fait qu’appuyer les barrières installées ? 

Pour la simple raison que lharmonie se fait quand les arts parlent entre eux. Et donc lorsque les hommes et femmes doués de sentiments, de passions et d’idées, se rencontrent enfin, et qu’ils questionnent eux-mêmes ces arts, la compréhension peut enfin s’installer. 

La mode est si brutale et personnelle, quelle communique avec tout autre chose qui vit autour. S’habiller est donc un acte qui témoigne de notre conscience face à un environnement hostile et dangereux en tous plans. Par cette mode que je préfère appeler armure, nous tentons chaque jours de nous protéger. 

 

 

L’ÊTRE ARMURE 

 

Se protéger, est la manière la plus primitive de mener sa vie. Il ne s’agit pourtant pas de refuser l’exposition ou de tenter d’éviter la rencontre. Au contraire, s’armer doit agir au service d’un acte de courage et de dévotion envers soi-même ayant pour but de comprendre, connaitre, et offrir au bien-être commun.  

Il serait risible et presque lâche de parler exclusivement d’un idéal de partage et de cohésion et ce, quelqu’en soit le terrain d’action. En effet l’humain est un être social mais qui je pense n’oublie jamais sa solitude. Et quelques soit le médiums qu’il investit, l’humain ne peut que parler seul au Nom de tous. Mais cet egotrip qui finalement n’est pas de l’égoïsme doit être mis au service d’une cause généreuse et bienveillante. En effet cet ego, bien qu’il puisse comporter de nombreux risques, demeure le résultat des effets d’un environnement effectif et offre donc un reflet fidèle aux possibilités de notre décor.  

Nous pouvons alors dire que nous sommes tous Ego et égaux face au monde qui nous questionne et nous défie tous sans exception.  

Là où l’immeuble et la maison deviennent des forteresses ou des repères, les amis des alliés, les vrais amours des saluts, le vêtement quant à lui devient l’armure. 

Le vêtement dit de nous ce que l’on est. On peut hypothétiquement et de manière pragmatique voir que quelqu’un gêné par son corps ou mal dans sa peau aura tendance à se noyer, s’élargir par ses habits et se confondre en eux. Le trop large sera une réponse à cette envie de se cacher ou de tromper l’oeil du monde. L’oversized peut être alors conceptualisé en tant que tendance à dissimuler.  

Paradoxalement le vêtement serré, étriqué va aussi exposer un mal être physique et mental ou un besoin timide d’être remarqué.  

Face à ces deux constats, un vêtement ajusté sera surement une réponse plus saine à l’acceptation de soi. 

Pourtant l’esprit et son habit ne sont pas des choses que l’on peut interpréter de manière manichéenne. En effet un certain type de coupe sera plus efficace face au monde que l’on affronte aujourd’hui, quand un autre le sera demain et pour d’autres raisons bien personnelles. Cependant il nécessaire je pense de prendre conscience des raisons pour lesquelles nous portons un vêtement précis. On ne peut pas simplement consommer ou suivre une tendance, sans comprendre et accepter qui nous sommes et ce que nous devenons en portons des vêtements.   

Je pense qu’aujourd’hui cette logique de consommation est critiquable et regrettable, mais que l’on ne peut pas nécessairement en vouloir aux consommateurs directement.  

Je trouve que l’industrie de la mode aujourd’hui ne propose rien, du moins elle camoufle l’imposé en proposé et c’est ce qui aujourd’hui nourrie la catastrophe.   

En effet je pense que nous devons en tant que créateurs expliquer et inviter les autres à venir comprendre la proposition et les enjeux que représentent nos produits. Je souhaite qu’une personne portant un vêtement sache qu’il lui sera bénéfique ou non à un moment précis et qu’elle prenne alors conscience qu’un vêtement à un pouvoir qui lui est propre et qui sera potentiellement apte à l’aider.  

 

Il est essentiel de « parler » non pas de « communiquer » et de « proposer » sans « imposer » une nouvelle vision de la mode allant de sa nature même à sa consommation. Le vêtement est armure et il nest pas sans but.  

Choisir, porter, aimer ne doivent servir quune quête : celle de la conscience saine. Il nest pas ici question d’égoïsme ni même dune énième tentatives cherchant à naïvement fédérer, il sagit là de repenser.  

 

 

DES VIES, DES PLIS. 

 

« DES VIES, DES PLIS. » EST UN POINT DE DÉPART. C’EST UNE FORME QUE PREND UN REGARD. C’EST LA TRADUCTION PORTÉE D’UN CONCEPT ; CELUI DE LA MAGIE DU VÊTEMENT. 

 

Vous pourriez face au propos avoir tendance à penser que ce concept du vêtement armure, s’il n’est pas traduit de manière évidente dans le vêtement, pourrait être appliqué à tout type de vêtements. Et vous a raison. Puisqu’en effet c’est ce à quoi j’aspire : faire changer le fond quelque soit la forme.  

 

Cependant les vies comme les plis induisent nécessairement une multiplicité de traductions, de formes et de sens. C’est pourquoi j’ai voulu me tourner vers une manière de construire un vêtements qui pourrait objectiver ma pensée et imager deux concepts liés à deux type de vêtements ou de portées. 

 

Un regard sur le vêtement de métier du XIX ème siècle et sur le style néo-punk / animé saturé et minimal Tokyoite courant 1990 documenté par fruit magazine. 

 

L’IMPRESSION  

L’impression est l’idée simple que le vêtements imprime sur la personne qui le porte un rôle ainsi que les possibilités ou les limites qu’il lui confère. Rien de mieux que le vêtements de métiers pour le comprendre : ici l’habit fait le moine. L’impression est alors la force entrante. 

 

L’EXPRESSION 

L’expression ici guidée par une esthétique libérée dans les rues japonaises, nous montre l’aspect opposé à l’impression bien qu’évidemment lié. Ce que l’on voit de cette esthétique c’est une excroissance de la personnalité. Le rôle du vêtements ici est comme un éternuement,  on fait sortir ce que l’on est, et ça se voit. L’expression est la force sortante. 

Ces deux concepts se rassemblent au sein d’une construction a plat. En effet la 2d venant recouvrir la 3d vient alors nous raconter que le corps s’appuie contre le vêtement qui le recouvre. Cette collection présente des personnes comme venues d’un autre continent, d’un endroit où le vêtement est écouté comme un confident. 

En découle alors cette rencontre comme un rapport amoureux entre une impression et une expression. Et c’est ainsi qu’au sein des vies on trouve des plis et qu’au sein de plis se logent des vies.